立春 Risshun
(Le début du printemps)
雨水 Usui
(L’eau de pluie)
啓蟄 Keichitsu
(Le réveil des insectes)
春分 Shunbun
(L’équinoxe de printemps)
清明 Seimei
(Pureté et clarté)
穀雨 Kokuu
(Pluie de grains)
立夏 Rikka
(Début de l’été)
小満 Shôman
(Légers mûrissages)
芒種 Bôshu
(Germes et grains)
夏至 Geshi
(Solstice d’été)
小暑 Shôsho
(Petite chaleur)
大暑 Taisho
(Grande chaleur)
立秋 Risshū
(Début de l’automne)
処暑 Shosho
(Chaleur modérée)
白露 Hakuro
(Rosée blanche)
秋分 Shūbun
(Equinoxe d’automne)
寒露 Kanro
(Rosée froide)
霜降 Sôkô
(Arrivée du gel)
立冬 Rittô
(Début de l’hiver)
小雪 Shôsetsu
(Petite neige)
大雪 Taisetsu
(Grande neige)
冬至 Tôji
(Solstice d’hiver)
小寒 Shôkan
(Petit froid)
大寒 Daikan
(Grand froid)
,
Derrière les barreaux serrés de nos côtes
l’enfant du cœur se recroqueville
La nuit les piquants du froid
aiguisent leurs couteaux de lumière bleue
leurs lustres de cristal
Le chevreuil aboyait cette nuit
crevant le froid
Son cri
dans les buissons de l’obscurité
haranguait la lumière
n’oubliant aucune racine
dans la malle des odeurs assourdies
Comme l’amour s’abat sur nos joues et déverse
dans l’iris de nos yeux
son orage étincelant
Au vent mauvais
le jaune et les feuilles d’or
éblouissent le vent
tachent une trace
qui se faufile sur l’ourlet du ciel
Enrubannant le tronc
des soubresauts de sa grâce
mésange
à l’orée des glaces
Souvenir du rouge
souvenir du cœur
dans le rêve étroit de l’hiver
Le petit chien ne marche plus sur la neige
il marche sur le souvenir
ses pattes légères effleurent la lumière
Hors du temps
je piste
les empreintes de la pureté
dans la forêt nue
Les sources se dégèlent.
Je la vois
dans sa couronne de racines noires
bander son échine sombre
Tuer les démons avec une épée de bois
Être ce moine enfant sous les branches du verger agitant l’éphémère bâton
Couper le vent en quatre
comme les rêves de passage
Doigts dodus de bébés
ne saisissent encore rien que l’air
Qui retrouve jamais
cet empoignement sans réserve ?
Reste ici près de moi
anime mon visage
par la chanson de ton visage
Chante-moi toujours la chanson de ton visage
Pour que partent mes yeux sur les flots sans retour
Et reviennent toujours
comme la vague à la rive
Le prunus explose de rose pourpre
durant la nuit gorgé par l’ondée
La longue chevelure du ciel n’arrête pas
d’être démêlée sur nos têtes ivres
Recueillir les galets d’eau
cristal minuscule de la rosée
L’empreinte d’un pied nu serait comme l’aile d’un ange
Les mouettes disent des mots nouveaux
dans la langue rauque de leur gorge
Fêlure d’une voix
La phrase qui m’attend
au fond du pré sur le talus
s’illumine
La nuit
le feu
comme un phare
veille les regards nomades
Les débris de la mante
l’amante des mots
Fracas tellurique
broie le texte
Lueurs enrouées des étoiles
yeux mi-clos
Le manteau de la nuit
borde le ventre rond de la terre
Pour une nouvelle grossesse innombrable
Bientôt dans la gorge bientôt sur la langue
Jus somptueux
Rivières de sucre abritant le couvain du soleil
Ciel crevé par un poing d’azur
Pensées égarées
cherchent un chemin
dans les herbes de la prairie
comme un ruisseau débordé
Nos âmes crient
au désert renversé
les ondes courantes de mille dunes
Lentilles d’eau
rêve des grenouilles
sur le berceau tremblant de la lune
au miroir de l’étang
Les mots ne suivent pas
le chemin du soleil
Branches qui tressaillent comme tremble une main
La nuit d’été est celle qui ne dort pas
L’été sœur immobile dans mon jardin
sa nuit grandit ses racines
dans l’humus du ciel
rencontre les étoiles
comme des grains d’or enfouis
Je bois les flammes au goulot du volcan
pendant que la chaleur s’esquive
sa longue cape de nuit
traînant derrière elle
Mes pieds foulent le raisin des braises
plus de raison
en moi l’incendie réfugié
Les arbres sont sans sommeil
Maisons de la forêt
Accueillons ces frères tellement plus forts que nos ombres
Les fermiers drainent l’eau des terres
jusqu’aux côtes des rizières qui retiennent leur souffle humide
On ouvre l’ouvrage de la terre
le livre des racines
noue les lettres
de ces mots de langue ancienne
Ces mots qui parlent de nous
Le livre parle
du vent qui passe
de la pluie qui caresse
De la moisson chaude de tous les souffles
et des rêves qui montent dans la nuit comme des fumées se joindre aux étoiles
Les vents entrent dans la danse
épuiser l’épousée
Que la terre autour d’elle devienne féconde
et la sève pousse son cri aux lèvres du chêne
L’ouvert rend la vue à l’aveugle
Au sortir de la terre
au bord de l’humus
qui emplit sa tasse d’obscurité
durant le long hiver
En moi fait signe
le jeune arbre
dévoré de lumière
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