立春 Risshun
(Le début du printemps)
雨水 Usui
(L’eau de pluie)
啓蟄 Keichitsu
(Le réveil des insectes)
春分 Shunbun
(L’équinoxe de printemps)
清明 Seimei
(Pureté et clarté)
穀雨 Kokuu
(Pluie de grains)
立夏 Rikka
(Début de l’été)
小満 Shôman
(Légers mûrissages)
芒種 Bôshu
(Germes et grains)
夏至 Geshi
(Solstice d’été)
小暑 Shôsho
(Petite chaleur)
大暑 Taisho
(Grande chaleur)
立秋 Risshū
(Début de l’automne)
処暑 Shosho
(Chaleur modérée)
白露 Hakuro
(Rosée blanche)
秋分 Shūbun
(Equinoxe d’automne)
寒露 Kanro
(Rosée froide)
霜降 Sôkô
(Arrivée du gel)
立冬 Rittô
(Début de l’hiver)
小雪 Shôsetsu
(Petite neige)
大雪 Taisetsu
(Grande neige)
冬至 Tôji
(Solstice d’hiver)
小寒 Shôkan
(Petit froid)
大寒 Daikan
(Grand froid)
立春
Risshun
Le début du printemps
雨水
Usui
L’eau de pluie
啓蟄
Keichitsu
Le réveil des insectes
春分
Shunbun
L’équinoxe de printemps
清明
Seimei
Pureté et clarté
穀雨
Kokuu
Pluie de grains
立夏
Rikka
Début de l’été
小満
Shôman
Légers mûrissages
芒種
Bôshu
Germes et grains
夏至
Geshi
Solstice d’été
小暑
Shôsho
Petite chaleur
大暑
Taisho
Grande chaleur
立秋
Risshū
Début de l’automne
処暑
Shosho
Chaleur modérée
白露
Hakuro
Rosée blanche
秋分
Shūbun
Equinoxe d’automne
寒露
Kanro
Rosée froide
霜降
Sôkô
Arrivée du gel
立冬
Rittô
Début de l’hiver
小雪
Shôsetsu
Petite neige
大雪
Taisetsu
Grande neige
冬至
Tôji
Solstice d’hiver
小寒
Shôkan
Petit froid
大寒
Daikan
Grand froid

1東風解凍

Harukaze kôri o toku
Le vent d’est fait fondre la glace.

La peau du miroir craque d’un coup D’un bout à l’autre de l’eau Cœur ouvert au ciel

2黄鶯睍睆

Kôô kenkan su
Les fauvettes chantent à nouveau dans les montagnes.

Dans le nid mon chant brise l’œuf moucheté de bleu de vert de beige d’un bec fier et implacable

2.1

Sans plumes et tout mouillé mon chant dépourvu d’yeux ouverts Chant aveugle Affamé Enfoui dans le silence

3魚上氷

Uo kôri o izuru
Les poissons jaillissent de la glace.

Les poissons jaillissent de la glace habillés de la cape des eaux froides Attrapent les cendres de l’éphémère délaissées du feu doux papillons gris abandonnés Souvenir de leurs ailes brisure vers l’eau vive

4土脉潤起

Tsuchi no shô uruoi okoru
La pluie humidifie la terre.

La pluie humidifie la terre au rebord de la fenêtre comme des oiseaux de cristal tête en bas sur le fil les larmes jubilent

4.1

Doux tamtam des gouttes sur l’abdomen de la terre Colline à la peau de racines nouées herbes en foule verte

4.2

Sueur de pluie à fleur d’air les pentes réjouissent toutes les eaux accourues des réseaux du ciel Se rappellent de la soif de leur corps et à cri du soleil tourmenteur appeleur de nuages

4.3

O pluie qui trépide sur la peau des vagues Retour, retour, salive et soif

5霞始靆

Kasumi hajimete tanabiku
La brume commence à s’attarder.

La nuit j’entrouvre la fenêtre Je laisse pénétrer le parfum d’eau de nuit sans relâche Parfum frais, lesté de terre, de profondeur

5.1

Les gouttes sont ce message du ciel couvert de nuit capuchon sombre, discret et insistant Ouvre, ouvre

5.2

Chaque pore de mon visage comme un puits à rouvrir à la fin de la sécheresse Casser la croûte des ensevelissements Trouver, se laisser trouver

6草木萌動

Sômoku mebae izuru
L’herbe se remet à pousser, les arbres bourgeonnent.

Un nuage traverse la fenêtre découpe un bout de ciel Ciel c’est une fenêtre aussi que le nuage traverse douce comme le nuage

6.1

Passage de la vitre Tremper son bec Pour les traversées dures comme le cristal

6.2

L’haleine tranquille Calme la fenêtre La vitre se dissout Le temps devient liquide

6.3

Mouvant comme la surface de l’eau sous cette source mon souffle puise dans la nappe enfoncée profonde se purifie dans le cristal des entrailles lisses

6.4

Serpentinement comme un grand tuyau d’arrosage vendu au Malin serre la gorge à l’eau féconde au souffle caresseur d’étang

7蟄虫啓戸

Sugomori mushito o hiraku
Les insectes sortent de leur hibernation.

Les insectes sortent de leur hibernation Je me souviens des petites faux de leurs mandibules cohortes et galeries martelées par leur ruée dans mes veines Me souviens d’être dépecée

7.1

Mon regard aiguisé à meuler les jours sur cette antique pierre Happe une mouche un bourdon engourdi et me dit : « Le réveil des insectes »

7.2

Mots Déposés au pinceau sur un ancien papier japonais par un astrologue de cour posant dans l’encre des images mouvantes Émouvantes couleurs ruisselant dans le noir

7.3

Flux dont les arbres dépouillés, en nage, déjà bardés d’oiseaux sont avides maintenant que les jours creusent plus profond les matins comme une gouge

7.4

Seigneurs des branches puisent dans la partition des cadavres de brindilles La liqueur du vert le plus éblouissant

8桃始笑

Momo hajimete saku
Les premiers pêchers fleurissent.

Les premiers pêchers fleurissent Le bois immortel martèle le chambranle de la porte Tuer les démons avec une épée de bois Être ce moine enfant sous les branches du verger agitant l’éphémère bâton Couper le vent en quatre comme les rêves de passage

9菜虫化蝶

Namushi chô to naru
Les chenilles se changent en papillons.

Les chenilles se changent en papillons Doigts dodus de bébés ne saisissent encore rien que l’air Qui retrouve jamais cet empoignement sans réserve ?

9.1

Toi Reste ici près de moi anime mon visage par la chanson de ton visage

9.2

Chanson de ta bouche encore une barque Arrime mon corps à la tempête Sourire au fond des eaux Sommeil du christ

9.3

Chante-moi toujours la chanson de ton visage Pour que partent mes yeux sur les flots sans retour Et reviennent toujours comme la vague à la rive

10雀始巣

Suzume hajimete sukū
Les moineaux commencent à nicher.

Les enfants sortent comme des fous de l’endormissement au lieu de compter les brebis égarées Où suis-je partie nicher qu’ils oublient de me trouver ?

10.1

Contre mon cœur je serre le moineau égaré Dans le nid nous serons deux.

11櫻始開

Sakura hajimete saku
Les premiers cerisiers sont en fleurs.

Les premiers cerisiers sont en fleurs au bord des routes en partance des vergers ou seuls dans le souvenir des arbres anciens et des vies disparues

11.1

Pressant la sève dorée et collante vers le nœud de la greffe irréconciliable

12雷乃発声

Kaminari sunawachi koe o hassu
Le tonnerre se fait entendre.

Le tonnerre se fait entendre Sourcil très froncé Recouvre presque l’iris du ciel

12.1

Lisière de lumière sur l’échine des arbres Colline poil hérissé Pareille au ruisseau qui court enhardi par la ruée des eaux

12.2

Hardi hardi vers le creux de la vallée où les eaux se recueillent vers la route luisante de la saveur du ciel vers la maison noircie comme du charbon par le crépuscule Sa lumière qui m’attend Et espère

13玄鳥至

Tsubame kitaru
Les hirondelles sont de retour.

Pureté et clarté Les hirondelles sont de retour Le prunus explose de rose pourpre durant la nuit gorgé par l’ondée La longue chevelure du ciel n’arrête pas d’être démêlée sur nos têtes ivres

13.1

Même en dormant même absents à la chair Même circonscrits à la banlieue de l’être Il pleut sur les bons comme sur les méchants

13.2

Ton cœur lupanar de haine Je n’en peux plus

13.3

Leurs yeux en famine du regard comme des puits à sec À puiser la poussière Ce qui s’effondre La mort qui monte La clameur qui enfle

14鴻雁北

Kôgan kaeru
Les oies sauvages volent vers le nord.

Les oies sauvages volent vers le Nord enturbanné de lumière d’avril Comme une couronne Plonge les lames des pétales dans la terre reconnaissante

14.1

Les herbes tendent leurs bras innombrables Je frôle leur ivresse verte la lumière aux chevilles

14.2

Oies sauvages au balcon Cri rauque en passant La longue route du ciel Jettent par-dessus bord leur salut Poursuivent vers le Nord vers l’estuaire de leurs forces

15虹始見

Niji hajimete arawaru
Les premiers arcs-en-ciel apparaissent.

Arc-en-ciel bombé sur la forêt suspendu au plafond du ciel Royales colonnes des troncs tapis perses du sol et souvent je pense Cathédrale

15.1

Dans l’escalade ancestrale des troncs Mousse profonde comme un tapis d’ambassadeur Rumeur orchestrale des oiseaux ramure double

15.2

Arbre isolé dans la prairie de lisière offerte par son père le roi Tissu des colzas ta robe de bal

15.3

Printemps respire la bouche tout contre la tendresse de l’herbe nouvelle

15.4

Feuilles communiantes eucharistie chlorophylle Enfants de chœur en aube tendre

15.5

Je pense à l’alliance tombée dans l’eau du Rhin avec les dieux du doigt coupé Quel dieu la ramassera pour moi et me ramènera à la peuplade des hommes ?

16葭始生

Ashi hajimete shôzu
Les premiers roseaux poussent.

Pluie de grains Sur la peau de l’écran ondulent les peaux des visages Penchés par le vent de l’esprit et le souvenir de la voix murmurant parmi les herbes

16.1

Recueillir les galets d’eau cristal minuscule de la rosée

16.2

Débusquer la toile sortant du ventre de l’araignée et ses compagnes attablées à la pelouse

16.3

Tiges des brunelles rescapées de la lame bruyante Tourelles aux lampes violettes qui guettent je ne sais quoi Ma sœur Anne là-bas Les cavaliers Tartares Le salut ou l’effroi

16.4

L’empreinte d’un pied nu serait comme l’aile d’un ange

17霜止出苗

Shimo yamite nae izuru
Les derniers gels disparaissent et les jeunes plants de riz commencent à pousser.

Dans la maison aussi les graines coincées entre les rainures des dalles dans le mortier effrité des murs s’animent se fendent entortillent leurs nouvelles présences

17.1

La peur et l’espoir du matin où le voilier appareille Chantent ses câbles dans les bras de pierre du port

17.2

Les mouettes disent des mots nouveaux dans la langue rauque de leur gorge

17.3

Dans les épaules des voyageurs et dans leur crâne les amarres se détachent les nœuds laissent filer Péniblement La corde retrouve son sang L’amble se prépare à laisser la rouille tomber en pluie à chacun de leurs pas

18牡丹華

Botan hana saku
Les pivoines fleurissent.

Les pivoines fleurissent Mon jardin est toujours là Les fleurs vont et viennent vert chlorophylle nomade de l’existence infinie renaissance que nous pouvons tuer comme des rats noyés dans une bassine

18.1

L’écorce du cerisier saignant sa résine dorée collante comme du miel

18.2

Le vent la pluie accueillaient le dos des chevreuils et le faisan cherchant compagnie sur la barrière et sous la pierre la salamandre

18.3

Dans la maison instable les saisons du cœur s’agencent réagencent Les pivoines sont toujours là L’alliance dans le bol tibétain relâche ses sucs et revient cercler mon doigt

18.4

Les vêtements quittent leur placard comme des bébés manchots sautant de la falaise de glace Mon corps Toujours là encore un peu

19蛙始鳴

Kawazu hajimete naku
Les grenouilles recommencent à chanter.

Les grenouilles recommencent à chanter dans les brassées de pimprenelles Fêlure d’une voix La phrase qui m’attend au fond du pré sur le talus s’illumine

19.1

Sur le désert ouvert Se précipite le lait des rivières opulent glacier Chemins d’ânes, oliviers d’argent, sentiers Flanc de la montagne où attendent les livres sacrés

20蚯蚓出

Mimizu izuru
Les vers de terre refont surface.

Les vers de terre refont surface Et ces choses dans la cave derrière les boulets de charbon soupirail chez mamie que je fuyais comme le fond d’une mare pleine d’algues Choses gluantes orteils recroquevillés Quelle certitude quel kraken m’attendait dans la crevasse avec ses yeux de corail sans regard ?

20.1

Je coule doucement comme ces pierres endormies descendent avec grâce Vert d’algues du limon au fond Qu’en est-il au fond

21竹笋生

Takenoko shôzu
Les bambous poussent.

Les bambous poussent Trouve-toi une colonne vertébrale Pousse sans fin Pousse de quarante univers en une nuit diluvienne arborescente Illumine la nuit Luminaires de tes fruits

21.1

Peau tavelée comme une carte géographique Explorateur du bord du monde Conquistador amoureux ayant coulé toutes tes armes

21.2

Aux indigènes Les biens nés Les cavaleurs d’étendues les raconteurs d’ours et de serpent Transe-échelle reliant les mondes

22蚕起食桑

Kaiko okite kuwa o hamu
Les vers à soie se régalent des feuilles de mûrier.

Légers mûrissages. Les vers à soie se régalent des feuilles de mûrier. Le long de la branche ils progressent en avalant tout ce qui se trouve devant eux Êtres-bouches traversés ne peuvent échapper à rien Et surtout pas – vers à soi Mûrir le mûrier

22.1

Aérien papillon vitrail qui promène sa diffraction comme une coupe tendue au ciel

22.2

Métamorphose venue au sein du code brisant son vitrail d’ADN Au sol refaire un être totalement nouveau

23紅花栄

Benibana sakau
Les carthames fleurissent.

Paumes du carthame sur la peau du muscle cardiaque Leur légèreté de flammes Aurai-je à nouveau l’audace ?

23.1

Espoirs sombrés cloche mauve battant cuivré d’étamines du martagon Joues des grenouilles gonflées d’amour Espoirs faucardés

24麦秋至

Mugi no toki itaru
Le blé mûri est moissonné.

La vie s’accroche et s’éboule Les plus vivaces graines agrippent leurs racines échevelées Le blé vient par champ assagi soumis par le soc La folle avoine campe aux portes de la cité monte une tente sous les remparts

24.1

La nuit le feu comme un phare veille les regards nomades

25蟷螂生

Kamakiri shôzu
Les mantes religieuses sortent de l’œuf.

Germes et grains. Les mantes religieuses sortent de l’œuf. Tes mots sortent de la coquille casqués d’Athéna foudre à la main brandie

25.1

Les débris de la mante l’amante des mots Fracas tellurique broie le texte

25.2

Triomphe Voix solaires Voix unique émergeant de la coque brisée du larynx

25.3

Lyre-univers Langue divine Étole trouée par les mandibules amoureuses forant la mine profonde Veine ensevelie du charbon de soi

26腐草為螢

Kusaretaru kusa hotaru to naru
Les herbes mortes renaissent en lucioles.

Germes et grains. Les herbes mortes renaissent en lucioles Les lueurs ressuscitent à voix basse dans la fatigue du jour Lueurs enrouées des étoiles yeux mi-clos

26.1

La ténèbre dresse son mur de briques noires par milliers par hécatombes vous mourrez en attendant l’été en criant dans le noir aphone tournoyant comme des gyrophares fous

26.2

Chemins sinueux et petites tombes des graviers et des graines sèches Le manteau de la nuit borde le ventre rond de la terre Pour une nouvelle grossesse innombrable

26.3

Jusqu’à la fin des cendres Le dernier soupir de toute vie et tous les souffles jamais respirés

27梅子黄

Ume no mi kibamu
Les prunes jaunissent.

Germes et grains Les prunes jaunissent Bientôt dans la gorge bientôt sur la langue Jus somptueux Rivières de sucre abritant le couvain du soleil

27.1

Chevelures dénouées des pluies d’été couchées dans les anses Pauvresses errant sur les pentes ravinées des chemins

27.2

Ciel crevé par un poing d’azur

27.3

Nous nomades emportés par l’amble des bêtes et des chariots Clairière où jaillit l’orge semé dans le territoire d’un autre temps

27.4

Les doigts saisissent la couronne des grains L’orfèvre lumineux sculpte La promesse des farines Appelle l’élégance des flammes respirant entre les pierres

28乃東枯

Natsukarekusa karuru
Les brunelles flétrissent.

La pluie chante à chaque gosier de ses gouttes innombrables

28.1

Les troncs habillés de ruissellement patientent comme ils l’ont toujours fait dans la certitude du jour et de la nuit

28.2

Pensées égarées cherchent un chemin dans les herbes de la prairie comme un ruisseau débordé

28.3

Je lave mon visage fripé par les travaux de nuit à cette eau orpheline et libre

28乃東枯

Natsukarekusa karuru
Les brunelles flétrissent.

La pluie chante à chaque gosier de ses gouttes innombrables

28.1

Les troncs habillés de ruissellement patientent comme ils l’ont toujours fait dans la certitude du jour et de la nuit

28.2

Pensées égarées cherchent un chemin dans les herbes de la prairie comme un ruisseau débordé

28.3

Je lave mon visage fripé par les travaux de nuit à cette eau orpheline et libre

29菖蒲華

Ayame hana saku
Les iris fleurissent.

Les iris fleurissent Ce n’est pas la flétrissure qui disparaît pas la mort qui cesse de s’abattre comme une averse de juin sur la peau des pétales

29.1

Lueur brûlant au fond du calice sous la lanterne démolie des étamines

29.2

Les iris engloutis au bord de la berge s’adossent pour regarder passer l’eau Turbulences captent le fragment mouvant du ciel

29.3

Dans une anse apaisée les cercles bracelets de la course des gerris

30半夏生

Hange shôzu
Les pinellia ternata commencent à germer.

Chaleur bâillon bleu sur la pensée Fraîcheur maracas de sel et de sable

30.1

Ma pensée allongée presque nue un pan dépenaillé

30.2

Dans les franges de l’humus s’arque la danse du vert vivace nœud obstiné de l’embranchement à venir

30.3

Cosse serrant amoureusement le trésor de graines monnaie de vie et de mort

30.4

Tandis que nos rumeurs agitent la buée au-dessus des flots nous passons fétus marquant l’étiage Empreinte légère abolie par le sable et la marée signature invisible au parchemin du ciel

31温風至

Atsukaze itaru
Le vent chaud souffle de nouveau.

Le vent chaud souffle à nouveau poumons révolutionnaires mille langues ourlées feu du dragon

31.1

Nos âmes crient au désert renversé les ondes courantes de mille dunes

31.2

Le ciel parle sans discontinuer et nous ne comprenons pas les mots mais nous entendons la clameur de son murmure

31.3

Nos voix soulevées comme un champ de blé crient de joie dans la nuée l’assombrissant comme un orage densifiant son encre

32蓮始開

Hasu hajimete hiraku
Les premiers lotus fleurissent.

Les premiers lotus fleurissent instant serré de leurs pétales sur le point de clore ou poindre Carillon des étamines poudrées d’or

32.1

Lentilles d’eau rêve des grenouilles sur le berceau tremblant de la lune au miroir de l’étang

33鷹乃学習

Taka sunawachi waza o narau
Les faucons apprennent à voler.

Je n’entendais pas l’enfance des faucons qui précède le premier vol c’était le vol d’emblée royal

33.1

Ici j’entends le bord du gouffre le corps qui toujours n’a été que repliement marche boiteuse parmi les débris dureté de l’aire

33.2

Régner sans gravité dans la noblesse la certitude des courants

34桐始結花

Kiri hajimete hana o musubu
Les paulownias produisent leurs premières graines.

Je suis dans la cosse dure couchée en biais chien de fusil auprès de mes sœurs noires Sauvage endormie dans le lit de l’ogre

35土潤溽暑

Tsuchi uruôte mushi atsushi
La terre devient moite, l’air s’humidifie.

Mon corps Terre tantôt allongée tantôt levée dans le châle de la chaleur

35.1

Caresse de feu l’air crépite d’insectes les fourmis rongent les murs Au matin j’essuie la trace de sciure noire sur le seuil

35.2

Ce petit ruisseau sur la pensée pour trancher l’air épais Filet frais gardé aux profondeurs dans les gourdes enfouies

35.3

Manteau du passé Pourpre impériale saignée aux millions de coquilles Bleu écrasé à la longue patience

35.4

Rêver l’habit des vierges La mère endormie dans la fraîcheur de l’abbatiale

36大雨時行

Taiu tokidoki furu
De grosses pluies se mettent parfois à tomber.

De grosses pluies se mettent parfois à tomber Tambours, cailloux d’eau Leur éclaboussure son mat poussière frappée qui fume ses sortilèges : calebasses d’odeurs

36.1

Toit massé par les mille doigts de la pluie vertèbres de son faîtage

36.2

Les mots ne suivent pas le chemin du soleil

36.3

Broyer le pigment du gris dans le heurtoir du ciel Cendres sur les jours terre aux joues gorgées

36.4

Soupir de la pluie poussé par mon cœur désolé de tout

37涼風至

Suzukaze itaru
Le vent frais souffle à nouveau.

Le vent frais souffle à nouveau c’est vrai Branches qui tressaillent comme tremble une main

37.1

De peur ou de joie au fond de moi au fond des bois ma joie plongée dans l’ombre

37.2

Fouissent les sangliers la terre nocturne Souvenir décomposé de la joie se levant comme le croissant de la lune sur la peau de la hanche le visage de l’aimée ses seins dévolus à la douceur du rayon

37.3

Au fond de moi s’avance la biche la lueur étoilée de la nuit dans le regard

37.4

Chasseurs yeux où miroite la cible comme le disque de la lune sur la peau de l’étang

37.5

Son sabot menu scelle avec douceur le sol de la forêt

38寒蝉鳴

Higurashi naku
Les cigales nocturnes se remettent à chanter.

Stridulation brosse l’air sombre comme la baie de myrte Chant de chaleur chant d’éveil L’art de perdre il n’est pas difficile d’en passer maître

38.1

Dans ce coin de nuit chaude se tenir au creux de la grande fleur de nuit sombre qui fomente ses parfums

38.2

La nuit d’été est celle qui ne dort pas

38.3

L’hiver hiberne le soleil dans son ventre se vêt d’une robe d’eau et de gel robe de pauvresse feuilles à bas de sa traîne

38.4

L’été la sœur nue aux courbes fabuleuses, courbes d’ébène l’été dans sa couche moite Elle ne dort pas il fait trop chaud et la fièvre des désirs la transperce et l’emplit au ras des lèvres

38.5

L’été sœur immobile dans mon jardin sa nuit grandit ses racines dans l’humus du ciel rencontre les étoiles comme des grains d’or enfouis

39蒙霧升降

Fukaki kiri matô
Le brouillard épais descend.

Les plumes tombées au sol je les ramasse Ventre labouré du pigeon ramier Perdre ses plumes pour se sauver

39.1

Zones d’ombre zones douces de duvet zones de clarté et d’envol Je vole en diagonale je vole en zigzag La beauté de ce monde me pétrit la chair

39.2

Je guette le souffle du monde dans les feuilles devant ma fenêtre Miroir qu’on place devant la bouche pour les signes vitaux Symphonie des vivants

40綿柎開

Wata no hana shibe hiraku
Les fleurs de coton fleurissent.

Les fleurs de coton fleurissent à ma main où la dent du chien m’a écorchée Champ de coton qui s’étale Cœur de nuage dense Le sang Comment s’écoulera-t-il ? Quand se tarira-t-il ?

40.1

Collines âpres collines de poussière Nuits de charbon et silicose fantasmes pour colmater la brèche Chirurgien ma main comme une étoile de mer Cinq directions Point de croix des âmes liées

41天地始粛

Tenchi hajimete samushi
La chaleur commence à s’atténuer.

La chaleur s’estompe déjà comme recule le jour géant Dressé de toute sa taille au solstice

41.1

Je bois les flammes au goulot du volcan pendant que la chaleur s’esquive sa longue cape de nuit traînant derrière elle

41.2

Mes pieds foulent le raisin des braises plus de raison en moi l’incendie réfugié

42禾乃登

Kokumono sunawachi minoru
Le riz mûrit.

Les arbres regardent ce qui s’écrit sous leur veille devant la fenêtre sentinelles des mondes cachés dans les mots comme origamis Je suis la pliure me glisse pépin où l’histoire grandit

42.1

Dans leur gland enfant des chênes petite-fille de la colline brouillée par les siècles empilés

42.2

Les feuilles Je sais leur sagesse leur oreille dressée

42.3

Les arbres sont sans sommeil chroniquent la lune accueillent les réfugiés Maisons de la forêt Accueillons ces frères tellement plus forts que nos ombres

43草露白

Kusa no tsuyu shiroshi
La rosée luit sur l’herbe.

Les lames tremblent dans l’opaque lait des gouttes Le ciel renverse sa cruche sur le sol entre deux cris de lumière

43.1

L’écureuil sillonne le chêne Trois chevreuils dans le pré en dessous et Hier une grande araignée étoilant la porte À leur façon chacun sait que Ce temps est revenu où l’humain s’estompe sous le poids des pluies dans l’air encore doux

43.2

Nous seuls terrés dans les maisons rentrons tôt et guettons la nuit une lampe à nos côtés

44鶺鴒鳴

Sekirei naku
Les bergeronnettes se remettent à chanter.

Ultime voyage extrême emportée sur les eaux nocturnes corps intimes corps intérieurs portant le corps de chair et d’os de sang et de gestes

44.1

Tombée de la nuit l’automne avec une douceur de plume de corneille retire le jour retire des couches de lumière à la surface du tableau révèle la trame Les soubassements du monde

44.2

Ce qui se lève dans le voile frais de la nuit ce qui se lève dans la lumière qui reflue ce qui se lève dans la moelle Cellules du sang poursuivant sa course vermillonne dans les rapides de nos veines ce qui se lève quand tout est tombé ce qui se lève malgré ce qui se lève sans empêchement possible au bout du couloir des certitudes

45玄鳥去

Tsubame saru
Les hirondelles s’en vont.

Les hirondelles s’en vont mon sommeil s’en va poignée de sable dans les yeux le lit du fleuve l’insomnie prépare la fatigue du jour sur les remblais de la veille qui s’enlise

45.1

Le songe plonge juste avant le jour comme le bec de l’oiseau frôle l’eau où se montre l’insecte Libellule au miroir

45.2

Les hirondelles ont eu leur content d’orages qui rabattaient leurs proies comme un couvercle au ras du sol Foison des migrants en quête d’Eldorado en quête de cocagne Elles quittent sans un regard comme une goutte indiscernable au sein de leur nuée d’ailes battantes

46雷乃収声

Kaminari sunawachi koe o osamu
Le tonnerre cesse son grondement.

Le tonnerre cesse son grondement Les roches tombent ricochent sur les parois du gouffre L’écho s’éteint au fond supposé Tonnerre jamais ne cesse Seul s’éloigne son gosier gorge profonde

46.1

L’ombre des crocs imprime rupestre la chambre d’enfant

47蟄虫坏戸

Mushi kakurete to o fusagu
Les insectes se terrent dans le sol.

Les insectes se terrent dans le sol Prendre un formidable élan D’une enjambée franchir la colline sauter à pieds joints à bras raccourcis dans le ciel

47.1

Terre féroce brune farine cendres des vivants où plonger nos racines Ancrer notre sommeil

47.2

Propulsés là-haut la vue est splendide Je déchire les nuages couronne dépenaillée sur mon front

48水始涸

Mizu hajimete karuru
Les fermiers drainent l’eau des terres.

Les fermiers drainent l’eau des terres jusqu’aux côtes des rizières qui retiennent leur souffle humide Inventaire du sol forage on ouvre le livre des racines

48.1

Celles des herbes au chapelet de perles offrande pour la bouche affamée

48.2

On ouvre l’ouvrage de la terre le livre des racines noue les lettres de ces mots de langue ancienne Ces mots qui parlent de nous

48.3

Le livre parle du vent qui passe entre les feuilles entre les herbes dans les sentiers de sabots et de pas nuss de la pluie qui caresse des voix de colère des voix de douceur murmurées De la moisson chaude de tous les souffles et des rêves qui montent dans la nuit comme des fumées se joindre aux étoiles.

49鴻雁来

Kôgan kitaru
Les oies sauvages sont de retour.

Les oies sauvages sont de retour Les ailes frappent l’air liquide tumultueux Elles enfoncent de la proue du bréchet cet inconnu qui résiste Allant elles ne savent où allant où elles doivent sans rémission

50菊花開

Kiku no hana hiraku
Les chrysanthèmes fleurissent.

La brume en forme de fleur ourle ses pétales émerge le tissu de la colline Triangle non isocèle triangle quelconque de la pâture d’en face

50.1

Peuplade sœur sur la crête en face son ciel de perle de nacre marine englouti Une nappe avale le triangle devant la ramure de la ligne de peupliers Les trois chênes devant ma fenêtre ne bronchent pas

50.2

Et plus proche l’indécent bouquet de lys roses criant leur parfum criant tant que je l’exilai sur la coursive Bouquet de ma naissance patience des arbres, patience du tronc patience des branches et feuilles du chêne

50.3

Gouttes des glands chutant leur pluie d’automne sur le sol attentif

51蟋蟀在戸

Kirigirisu to ni ari
Les grillons chantent au pas des portes.

Vent d’automne feuilles qui s’effeuillent comme le tissu glisse sur le corps qui se dénude

51.1

Mise à bas dévoilant le feu qui court sur la peau vague rase incandescente Incendie soufflant la nouvelle de la disparition des glaces

51.2

L’arbre surgit son être multiple À bas la pluie de ses enfants joncher partout joncher plus loin

51.3

À corps perdu l’arbre surgit dans la nudité de son tronc

51.4

La sève quitte la prière au ciel L’espérance nuageuse prend refuge aux profondeurs et à l’obscur

51.5

La nudité danse Les pluies qui lavent descendent nourrir les caves de la terre et les futurs enfants des sources

51.6

Les vents entrent dans la danse épuiser l’épousée Que la terre autour d’elle devienne féconde et la sève pousse son cri aux lèvres du chêne

52霜始降

Shimo hajimete furu
Les premiers gels apparaissent.

Les premiers gels apparaissent Fenêtre mangée par l’eau froide en cercles mystérieux Feuilles collées à la vitre comme un herbier la douceur de leur chute perpétuelle

52.1

Couleurs qui montent aux joues des arbres quand flambe leur passage souffle coupé, bientôt, souffle qui retourne au gîte du tronc et des racines souffle noir, souffle d’hiver Mon souffle court, ma gorge prise

52.2

L’ouvert rend la vue à l’aveugle Laissée au bord du chemin comme la peau du serpent comme le pourpre placenta d’incessantes naissances.

53霎時施

Kosame tokidoki furu
Des bruines se mettent parfois à tomber.

La fenêtre ouvre son œil dans la paupière du toit fixe un ciel sans fin sous la poudre de la pluie

53.1

Les étoiles des feuilles dessinent une carte des anges de la forêt tombés à nul combat

54楓蔦黄

Momiji tsuta kibamu
Les feuilles d’érables jaunissent.

Jaune il brûle sans maléfice pure lumière chandelle des feuilles

54.1

L’année se recouche dans l’ombre comme une grande bête pour assoupir les âmes comblées du surgissement fabuleux de la sève Au sortir de la terre au bord de l’humus qui emplit sa tasse d’obscurité durant le long hiver

54.2

En moi fait signe le jeune arbre dévoré de lumière

55山茶始開

Tsubaki hajimete hiraku
Les premiers camélias fleurissent.

Les premiers camélias fleurissent Tout autour tombent les pétales des bombes Panaches de flammes veloutées retroussent leurs volutes sur les peaux qui fondent dans le silence des oreilles dont le tympan s’est refermé comme une porte qui claque

55.1

Nous ouvrons nos fenêtres sur la rue où passent les pas qui mènent aux habitudes Lâchons la piécette de quelques mots à l’aumône des semblables

55.2

Derrière les barreaux serrés de nos côtes l’enfant du cœur se recroqueville Dans le noir Observe pour passer le temps le papillon bleu du minuscule fenestron étoilant sa cellule

56地始凍

Chi hajimete kôru
Les terres commencent à geler.

Le froid descend dans les couloirs de la moelle les interstices de l’humus

56.1

La nuit les piquants du froid aiguisent leurs couteaux de lumière bleue leurs lustres de cristal

56.2

Certains ont des ailes les ont prises à leur cou Cap vers l’orbe de l’équateur plus près de l’or enchanté du soleil

56.3

Les autres teigneux comme humains fourragent les buissons et le sol blessé Ou, gracieux rêveurs, descendent à fond de terre dans le ventre de l’hiver

57金盞香

Kinsenka saku
Les jonquilles fleurissent.

Les jonquilles fleurissent il est trop tôt pour les couleurs encore ensommeillées La brume mouille le fond de la vallée rivière tordue serpillère de novembre

57.1

C’est la dernière couche pour le déshabillage des arbres Au merisier les aïeules ne tiennent plus qu’à un fil

57.2

J’ai rangé le tuyau d’arrosage préparé les canalisations pour le gel Les battements de mon cœur hier roulaient comme les petits cailloux Pièces dans la machine vidangée boucle de ceinture dans le tambour du lave-linge

57.3

Et je compte, je plie, fais durer les peaux de temps qui me restent sur l’étagère de l’armoire à la porte voilée.

58虹蔵不見

Niji kakurete miezu
Les arcs-en-ciel se cachent.

Le chevreuil aboyait cette nuit crevant le froid son cri dans les buissons de l’obscurité haranguait la lumière n’oubliant aucune racine dans la malle des odeurs assourdies

58.1

Sous une chemise de petite neige le matin mes yeux découvraient la page du ciel rugueuse pelure de neige Herbier mêlé prisonnier sous sa vitre

58.2

Chaque mot sous la neige un point d’exclamation change le visage chaque pli d’herbe, chaque méplat de chemin Comme l’amour s’abat sur nos joues et déverse dans l’iris de nos yeux son orage étincelant

59朔風払葉

Kitakaze konoha o harau
Le vent du nord emporte les feuilles des arbres.

Presque jusqu’à l’os déjà les brindilles, les branches montrent leurs articulations noires et gonflées rincées par la pluie

59.1

Feuilles rappelées à la terre jusqu’à la dernière pour nourrir les racines

60橘始黄

Tachibana hajimete kibamu
Les feuilles des mandariniers tachibana jaunissent.

Les feuilles des mandariniers tachibana jaunissent au vent mauvais le jaune et les feuilles d’or éblouissent le vent tachent une trace qui se faufile sur l’ourlet du ciel

60.1

J’entends seulement maintenant que mes doigts ont mené l’aiguille ce fil qui fuit à revers dans l’escapade du mot

60.2

Sous la lumière de l’or pailleté s’exposent la cendre du temps souillé les égarements la poussière

60.3

Corps couchés au sol dans le couloir vers la rame corps tressautant des fous celui qui secoue la tête entre ses genoux, celui qui fait des bruits d’explosion

60.4

Le bord du canal se cul-de-sac et là, les damnés à peau noire cramés à l’héroïne Sous le périphérique le rat se faufile aussi un point à l’endroit, un point à l’envers, signal perdu du GPS Mélancolie de ce qui se défait, ce qui se perd, et tremble

61閉塞成冬

Sora samuku fuyu to naru
Le froid arrive, l’hiver commence.

Le froid moelle de mes os à fondre au tison de ma pensée brûlante flamme vaporeuse haletante

61.1

Noël s’en vient tu attends les mages tu attends la caravane qui s’étire sur la crête des dunes Le désert respire chargé des épices du monde

61.2

Tu attends le frôlement de l’aile de l’ange aussi vaste que la nuit caressant les nuages emportant leur poussière pour que luisent les clous d’or de l’orient

61.3

Tu attends la gorge éclatante des trompettes les pattes agiles des moutons et les saccades, petits sabots des agneaux

61.4

La promesse s’en vient s’arrête à la porte dénudée dans la mangeoire luisante de gel l’âne le bœuf soufflent leur haleine Leurs doux yeux étamines bercent l’espérance

62熊蟄穴

Kuma ana ni komoru
Les ours repartent en hibernation dans leur tanière.

Igloo du ventre de glace lumière solide Les mésanges accourues du jour s’élevant dans la grisaille Enrubannant le tronc des soubresauts de sa grâce mésange à l’orée des glaces

62.1

L’an dernier je marchais dans la nuit procession des fossés et des murmures noirs des arbres dans l’obscurité je marchais dans la phosphorescence des regards Les voix amies hantaient la nuit

62.2

Je sens plus fort la morsure de la distance à ma gorge saisie Mésange virevoltante me sauve de ses ailes vibrantes comme un pouls

63鱖魚群

Sake no uo muragaru
Les saumons se regroupent en bancs.

Les eaux remuent sous la pression des corps veine grisâtre au front de l’océan Menace d’éclatement, le monde migraine

63.1

Cerveaux d’enfants cerneaux de noix coquilles dansantes dans la tempête bateaux ivres dans l’orage

63.2

Les cyclones font monter leur murmure La violence a toujours été là dans la mort brutale contre le sang chaud Les berceuses ont toujours été là pour apaiser la nuit soupir d’un sommeil, embrassement des loups.

63鱖魚群

Sake no uo muragaru
Les saumons se regroupent en bancs.

Les eaux remuent sous la pression des corps veine grisâtre au front de l’océan Menace d’éclatement, le monde migraine

63.1

Cerveaux d’enfants cerneaux de noix coquilles dansantes dans la tempête bateaux ivres dans l’orage

63.2

Les cyclones font monter leur murmure La violence a toujours été là dans la mort brutale contre le sang chaud Les berceuses ont toujours été là pour apaiser la nuit soupir d’un sommeil, embrassement des loups.

64乃東生

Natsukarekusa shôzu
Les brunelles poussent.

La sève hiberne dans la terre qui accueille la nuit Au plus loin des fureurs du soleil Au plus loin de son ellipse

64.1

Au fond des terriers Au creux des tunnels murmure du jour lointain

64.2

Les petits animaux terrés cultivent leur mémoire des feuilles et des herbes, serrés contre les fruits engrangés en des temps solaires

64.3

Feux des forges originelles cymbales des étoiles Les cristaux du sucre illuminent ses rosaces au fond du cellier des cellules

64.4

Souvenir du rouge souvenir du cœur dans le rêve étroit de l’hiver

65麋角解

Sawashika no tsuno otsuru
Le cerf perd ses bois.

Le cerf perd la tête les rayons bas du soleil d’hiver pris dans ses branches Le bois nouveau perce dans son cerveau Explosion des pensées dans le givre

65.1

Les colonnes des troncs vacillent le temple ne s’écroule pas à sa suite Je trébuche dans les racines dans la mer des feuilles mortes

65.2

Buée d’or enluminure la page que sa couronne a griffée

66雪下出麦

Yuki watarite mugi nobiru
Le blé pousse sous la neige.

Le petit chien ne marche plus sur la neige il marche sur le souvenir ses pattes légères effleurent la lumière

66.1

Blanc fleur de larmes dans la neige fraîche de l’année

66.2

Hors du temps je piste les empreintes de la pureté dans la forêt nue

66.3

Les troncs montrent leur peau noire l’eau goutte des branches tintement de cristal Cathédrale et parvis forêt du à jamais

66.4

Mes pas seuls écrasent les cristaux des flocons brisent leur verre éparpillent leurs brèches éparses

67芹乃栄

Seri sunawachi sakau
Le persil fleurit.

Porte de l’étable marquée par la fuite de la comète L’ange filait vers la pointe du jour, sa robe bleue éclaircissant l’horizon.

67.1

Processions de marcheurs rassemblant leurs coulées dans les collines, visages tannés par la route La fleur poussée sans raison dans le creux de l’hiver.

67.2

Têtes coupées des innocents comme s’abattent inéluctables les corolles.

68水泉動

Shimizu atataka o fukumu
Les sources se dégèlent.

Les sources se dégèlent. Je la vois, dans sa couronne de racines noires bander son échine sombre puis, d’une secousse, libérer la transparence Abreuvée jusqu’à plus soif, la terre soulagée Clarté de ce regard pleurant sur la mousse purifié par l’obscurité.

69雉始雊

Kiji hajimete naku
Les faisans se remettent à chanter.

Les faisans se remettent à chanter pendus par les pattes sur les gonds de l’année redevenus soleils au centre de la coquille

69.1

Oisillons leur bec appelle la rotondité parfaite fendille une étoile

69.2

Appeler, encore, encore le ciel, la faim qui dévore, le bec princier des parents

69.3

Leur miracle assez fort pour s’élancer du rebord parfaitement tissé de ce monde à peine plus grand.

69.4

L’air les habite jusqu’aux creux de leurs os qui respirent les courants leurs semblent aussi tangibles que les eaux de la rivière

70款冬華

Fuki no hana saku
Les pétasites bourgeonnent.

Les os sont encore nus dans les mots, sous la peau.

70.1

Tout en haut cages des poumons, petites clés ouvragées des clavicules, embryons d’ailes le cri fraye leur bec et le ciel, sans la splendeur des plumes carénées pour naviguer le ciel

70.2

Dès la singularité de l’œuf, l’ovale parfait, la douleur inconnue Le dehors déjà flûtait son chant, son harmonium d’enluminures. Il devait naître, savoir l’ouvert.

70.3

Le bijou de l’oiseau, conquistador des nuées, qu’importent les pertes

71水沢腹堅

Kiwamizu kôri tsumeru
La glace s’épaissit sur l’eau.

La glace s’épaissit sur l’eau Pellicule de la peur sur mes lèvres bleues La beauté prise aux cristaux rase la colline le jour allume la mèche qui court, vipère sur le ventre de la terre, Faire long feu, espérance

71.1

Chiots ingrats sur le ventre de cette chienne sublime, nous tétons pleinement ses mamelles, Alors que dans l’herbe le serpent allumé sème l’incendie, la jungle ploie sous la cacophonie des singes et des oiseaux, Dards violents, nuée d’épingles hérissant le sol sous nos pieds.

72鶏始乳

Niwatori hajimete toya ni tsuku
Les poules commencent à pondre leurs œufs.

L’oiseau à venir est dans ma main Dehors et dedans vieille rengaine La vitre invisible cogne dans mes os chaque instant le grand coup sourd du vol éclate à nouveau dans mes os une minute après un pigeon ramier repart et se dissout dans le ciel